dimanche 7 août 2016

07 août 2016 - Lisbonne

Petite heure d'insomnie sous le ciel lisboète. La chaleur sort des troncs, des rampes, des trottoirs et de tous ces petits pavés blancs et noirs qui dessinent les rues de la ville et en chuchotent l'histoire là, maintenant, quand personne n'écoute.

Oh, pourtant, malgré l'haleine de soleil qui s'est attardée dans les rues, la ville vit et chante et crie. Là c'est un fado que j'hallucine, d'une ruelle où personne n'ose plus errer, un chant mélancolique engorgé par un marin d'une autre ère tatoué jusqu'aux ongles et jusqu'aux dents : un fantôme avec un ventre et tout le Portugal dedans. Ici c'est une boite de nuit qui pousse du pied le trottoir et s'élève un peu pour retomber chaque fois, lourdement, sur ses jeunes danseurs suants. Celui-là ramènera quelqu'un dans sa chambre avant le jour, parce que la torpeur autorise. Là-bas encore les roues du dernier tuk-tuk scient les ruelles pour transporter le dernier client, un peu étrange, un peu drôle, un ivrogne dont on ne comprendrait pas la langue. Un français sans doute. Un français encore.

Quelqu'un sifflote. Par son chant d'oiseau à contresens c'est la nuit qu'il nargue. Pauvre reine qui nous souffle une obscurité toute tâchée de lampadaires, voilà qu'à l'heure d'orchestrer les chouettes c'est un rossignol qui s'égosille dans la poitrine d'un homme ! Pauvre, pauvre nuit, ne t'appartient plus que l'âme des insomniaques mais elle est maigre et pleine d’arêtes.


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